Dans les textes anciens de Zoroastre, une histoire fascinante et terrifiante à la fois refait surface : celle d’un événement cataclysmique qui aurait ravagé la Terre, une soudaine et brève ère glaciaire connue sous le nom des « jours de Malkush », qui aurait duré environ trois ans. Avant que ce désastre ne frappe, une divinité, Ahura Mazda, aurait proposé un moyen de salut : construire des cités souterraines pour se protéger du froid mordant. Ce récit, qui semble tout droit sorti d’un roman de science-fiction, pourrait-il contenir une part de vérité ? Les découvertes archéologiques modernes nous poussent à nous poser cette question avec une intensité croissante.
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Prenons l’exemple de Derinkuyu, une mystérieuse cité souterraine nichée dans la région de Cappadoce, en Turquie. Selon les archéologues, le cœur de cette ville existait déjà il y a 2 800 ans, soit au moins huit siècles avant notre ère. Imaginez une ville entière, creusée à une profondeur de 85 mètres, capable d’accueillir jusqu’à 20 000 personnes. Mais il est probable que les grottes naturelles qui ont servi de base à cette construction soient encore plus anciennes. Derinkuyu n’est pas une simple cavité dans la roche : c’est une structure complexe, articulée sur 18 niveaux souterrains, comprenant des puits, des chapelles, des écuries, des écoles et même des espaces dédiés à la production de vin et d’huile. Certaines parties montrent des traces de réutilisation à l’époque médiévale, avec l’ajout de structures religieuses chrétiennes, mais le noyau originel remonte à une ère bien plus reculée.
Cette ville extraordinaire n’a été « redécouverte » qu’en 1963, lorsqu’un homme, en rénovant sa maison, a accidentellement mis au jour un tunnel menant à cet univers caché. Depuis lors, Derinkuyu est devenu l’un des exemples les plus stupéfiants de l’ingéniosité humaine ancienne. Mais ce n’est pas un cas isolé. À mesure que la technologie moderne nous permet d’explorer les entrailles de la Terre, nous réalisons que les cités souterraines et les réseaux de tunnels sont un phénomène répandu à travers le monde entier, défiant notre compréhension de l’histoire.
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En Égypte, sous le plateau de Gizeh, un vaste système de cavernes, de tunnels artificiels et de rivières souterraines a été mis en évidence. Des chercheurs comme le Dr Selim Hassan ont documenté des passages s’étendant sur des kilomètres, suggérant que les anciens Égyptiens – ou peut-être une civilisation antérieure – maîtrisaient des techniques d’excavation avancées. Au Guatemala, sous le complexe des pyramides mayas de Tikal, 800 kilomètres de tunnels ont été cartographiés, dont beaucoup restent inexplorés. En Chine, en 1992, 24 grottes artificielles ont été découvertes dans la province de Zhejiang, creusées avec une précision sidérante – on estime que 36 000 mètres cubes de pierre ont été retirés pour les construire. En Europe, des milliers de tunnels datant de l’âge de pierre, appelés « Erdstall », s’étendent à travers le continent, laissant les archéologues perplexes quant à leur fonction originelle.
Ces découvertes soulèvent une question troublante : et si ces structures étaient liées à un événement réel ? Il y a environ 12 000 ans, la Terre a été frappée par une ère glaciaire soudaine et intense, connue sous le nom de Younger Dryas. Cet événement, qui a duré environ 1 300 ans, a provoqué une chute drastique des températures et bouleversé les écosystèmes mondiaux. Les « jours de Malkush » décrits par Zoroastre pourraient-ils être une mémoire déformée de ce cataclysme ? Et si oui, des cités comme Derinkuyu auraient-elles été construites comme des refuges contre ce froid mortel ? L’idée semble folle, mais les indices s’accumulent.
Mais il y a plus encore. De quoi, ou de qui, les anciens se protégeaient-ils en creusant ces abris souterrains ? Comment des peuples qui, en théorie, ne connaissaient ni le fer ni la roue, ont-ils pu réaliser des travaux aussi complexes ? Même avec les technologies du XXIe siècle, construire une ville comme Derinkuyu demanderait des décennies d’efforts colossaux. Les pierres taillées avec précision, les systèmes de ventilation sophistiqués, les espaces conçus pour une vie communautaire prolongée – tout cela défie notre vision traditionnelle des civilisations anciennes. Se pourrait-il que des cultures avancées, aujourd’hui oubliées, aient laissé ces traces sous nos pieds ?
Ces questions nous obligent à repenser notre passé. Les récits mythiques, souvent relégués au rang de légendes, pourraient-ils être des échos d’une réalité perdue ? Les cités souterraines ne sont pas de simples curiosités archéologiques : elles nous confrontent à l’idée que l’histoire humaine pourrait être bien plus vaste et plus mystérieuse que ce que nous enseignent les manuels. Que cache notre passé ? Et si, sous la surface de la Terre, reposaient les vestiges d’un monde que nous avons oublié ? Pour en savoir plus, plongez dans les pages de Homo Reloaded – L’histoire cachée des 75 000 dernières années, où ces énigmes trouvent des réponses aussi déroutantes qu’envoûtantes.